Pierre Buraglio

Né en 1939 en France. Vit et travaille à Maisons-Alfort, France.

 

Sur la page mensuelle très agrandie d’un agenda – Memento épigraphe, WHAT’S NEW –, Pierre Buraglio a biffé et raturé de noir ses rendez-vous et ses diverses notes, pour ne laisser au milieu qu’un grand WHAT’S NEW bleu, comme ces rappels que chacun·e entoure et souligne avec insistance dans ses carnets, ce quelque chose qu’il reste à faire et qu’il ne faut surtout pas oublier. Par cette seule interpellation, on peut s’interroger sur le sens donné à la succession et à l’accumulation de nos faits et gestes au fil des jours. On peut aussi s’interroger sur la résurgence d’événements que l’on croyait pourtant dépassés et laissés aux oubliettes de l’Histoire.

 

Sur un papier goudronné, des cartes postales postées en 1914-1915 depuis le Cameroun et le Congo, alors sous régime colonial, sont occultées de noir.
Au centre, Pierre Buraglio a tamponné un énorme 4 AOÛT rouge, nuit de l’abolition des privilèges et des droits féodaux en France en 1789. Au même moment, le pays possédait des colonies esclavagistes dont les dirigeants empêchèrent que les statuts particuliers soient remis en cause par la Révolution, entraînant des révoltes suivies de répressions sanglantes. Et par la suite, l’Empire français n’en resta pas là puisqu’une partie du Congo et le Cameroun, notamment, firent à leur tour partie de ses colonies…

Par ce qu’il appelle ses « caviardages », Pierre Buraglio signale les oublis de l’Histoire, qui en changent la lecture et qu’il faudrait ne pas ignorer. Et si les images qui restent sont celles de leur recouvrement, l’artiste n’est pas discret pour autant : comme pour WHAT’S NEW, on entendrait presque les coups de tampon apposés en leur centre.

Site web de l’artiste

Texte: Lucile Betrand

Expositions