Godelieve Vandamme
Née en 1956 en Belgique. Vit et travaille à Bruxelles.
Frontière visuelle, explore la limite du langage par une métamorphose.
Des lettres fabriquées en encre de Chine congelée sont fixées en haut d’un large rouleau de papier pour former les deux mots FRONTIÈRE VISUELLE. Au fur et à mesure du lent dégel des lettres sur le papier, on assiste à une transformation du visible. Ne reste bientôt plus à voir que de longues traînées noires, des coulées et des éclaboussures d’encre : la frontière est donc ce moment de dissolution et de passage d’une forme du visible à une autre.
Si l’on demandait à plusieurs personnes de retranscrire par des mots un paysage ou un visage, cela produirait autant de textes qu’il y a de personnes. Si ce que l’on voit n’est pas ce que l’on dit, l’inverse est tout aussi vrai. Et les mots produisent des images à leur tour intraduisibles en mots sans qu’elles n’en soient déformées.
Les images s’échappent et nous échappent dans leur transposition en mots, et inversement.
Le détour par les mots nous donne cependant accès à l’invisible (ou au réel) qui se tient entre les deux. Et justement, la frontière est à la fois ce qui ferme et ce qui ouvre, lieu d’échanges et de conflits. Tout se joue dans cet entre-deux, où quelque chose se perd tout en se révélant.
Texte: Lucile Bertrand